Sous-sol 1, Sous-sol 2, Sous-sol 3 représente les espaces dédiés aux différents flux de circulation qui desservent Paris-La Défense, premier quartier d’affaires d’Europe.

Si l’urbanisme de ce quartier d’affaires atteste d’une pensée qui prône la planification, l’efficacité, la fluidité au service de l’économie mondialisée, l’expérience de sa partie souterraine rappelle des imaginaires urbains plus inquiétants. Le contraste avec la partie supérieure de la dalle destinée au piétons est frappant. Une stratification fonctionnelle dans l’organisation des espaces en sous-sols sépare les publics, les usages.

Les lieux les plus aseptisés permettent d’accéder aux parkings, aux hôtels. Plus loin, ceux destinés aux transports en commun sont marqués par le passage des usagers. D’autres espaces restent moins entretenus, souillés par la pollution. On y voit également des traces d’habitations précaires.

Les cadrages des photographies extraient les lieux de leur contexte, pour mettre en avant l’aménagement des espaces, leurs matériaux, leur état. On y voit des revêtements divers, du béton, du bitume, de l’asphalte, de l’aluminium, le tout dans des couleurs sourdes.

Une berline en mouvement dans un parking s’oppose au choc des corps des usagers filtrés par les portillons du RER. La saleté ou l’éclat d’un matériau dans une aire de livraison se confronte à l’apparition d’un visage devenu verdâtre à travers les vitres teintées d’un taxi. Des cadres en costume, des employés, des travailleurs semblent se croiser sans se rencontrer, dans des sas de décompression entre le lieu de travail et le domicile, où chacun s’isole. D’autres personnages, en situation de grande précarité, tentent de survivre dans les interstices du quartier, contraints au déplacement par la misère. Deux d’entre-eux sont représentés par des portraits.

La mise en séquence des images confronte ces différents espaces et les personnes qui les traversent, évoquant des rapports de force présents dans nos sociétés contemporaines. Le titre Sous-sol 1, Sous-sol 2, Sous-sol 3 est emprunté à une voix pré-enregistrée diffusée dans un ascenseur de parking, accompagnant sa descente.

Projet réalisé dans le cadre de la commande « Flux, une société en mouvement », Centre national des arts plastiques en partenariat avec le Centre régional de la photographie Hauts-de-France et Diaphane, pôle photographique en Hauts-de-France