Une nostalgie des mondes perdus semble hanter de plus en plus vivement les sociétés occidentales, alors que s’effondrent les systèmes impérialistes et que l’existence même de notre espèce est remise en question. Tandis que nos lendemains se fracturent, nous naviguons dans leurs interstices avec le pressentiment d’une fin de règne, où se déconstruisent les monolithes. De quoi ce nouveau monde suspendu serait-il fait ?

Marie Hervé et Elsa Martinez explorent cette intuition de l’effritement des anciens modèles et mythes occidentaux, prenant la question des espaces dits marginaux et des strates de constructions historiques comme zones liminales.

De la Sicile à la Grèce, du sud de la France au Moyen-Orient, leur travail s’est d’abord construit sur une trajectoire en Méditerranée, pensant l’image comme obscur outil de mémoire entre vrai et faux, mirages et spectres.

Par des procédés allant de l’impression à la construction de formes en volume, leurs installations composites évoluent en une géographie inventée faite d’accidents et d’errances, circulant entre éléments visuels, textes et matériaux. Pensant des environnements entre originaux et reproductions, matières brutes et représentations, les limites entre ruine, archive et réécriture éclatent dans la décomposition de l’image et ses dégradations successives.