Amandine Mohamed-Delaporte, Abbé Joseph Revelli, 2020-2022 ©ADAGP, Paris, 2023
Amandine Mohamed-Delaporte, Tzarewitch, 2020-2022 ©ADAGP, Paris, 2023
Amandine Mohamed-Delaporte, Schuman, 2020-2022 ©ADAGP, Paris, 2023
Les falaises artificielles représente le dernier volet de la restitution du travail photographique mené sur la Voie Pierre-Mathis, qui a commencé avec Vues possibles sur le lointain au centre d’art Madeleine Lambert de Vénissieux et A.U.S. express way (Prix Satellite 2022) à la galerie du Musée de la Photographie de Nice en 2022.
L’exposition prend place dans la villa Les Palmiers, demeure dans laquelle est logé le service des Archives depuis 1962, un espace à l’image de l’enquête menée pendant trois ans. Cette propriété, et en particulier son jardin, a été transformée au fil du temps par la modernité : longée par la voie ferrée dès le XIXe siècle, on y construit le grand ensemble « les Grands cèdres » à la fin des années 1950 afin d’accueillir une population croissante à loger à la suite de l’arrivée massive des rapatriés d’Algérie. Enfin, la voie rapide l’ampute d’une partie de ses décors de grottes artificielles dans les années 2000.
Le jardin témoigne d’une grande diversité florale et végétale, autant que d’une richesse architecturale et paysagiste. Il est emblématique, du passé proche de Nice, de son tourisme européen du début du XXe siècle et de l’importation de végétaux et d’essences exotiques, faisant de la ville, une capitale hivernale et une cité-jardin.
Alors il m’est apparu comme une évidence qu’il me fallait repartir du départ soit de ma ville natale, Nice, du fait que depuis quelques années, je m’intéresse aux infrastructures routières, aux planifications urbaines, aux grands ensembles et de manière plus générale aux constructions datant de la période des Trente Glorieuses. En quoi la cohabitation avec cette géante de béton dans une ville au relief escarpé et où la géographie contraint la construction a-t-elle pu m’inciter à un regard attentif sur les ouvrages de génie civil ?
La voie rapide est le témoin d’une époque, traversant une architecture variée autant qu’une verdure abondante. Et ces quatre-vingts ans de construction ont fait que les premières parties édifiées n’ont pas les mêmes techniques et béton que les derniers tronçons encore en chantier. Comment représenter ce non-visible et mesurer l’usure du temps mais également évoquer ce qui n’est plus, le temps du chantier qui, de fait, disparaît quand celui-ci se termine ?
La scénographie de l’exposition permet de découvrir les particularités de cette demeure ainsi que de percevoir une histoire, celle de la voie rapide. Le parcours volontairement conçu pour effectuer des allers et retours, les dispositifs de murs mobiles, les sculptures, les matières et les photographies permettent d’appréhender l’atmosphère et les contraintes qui sont liés à l’ouvrage d’art intégré dans un tissu urbain dense.
L’élément inédit conçu pour cette exposition est la maquette-sculpture intitulée Les étages oubliés. Les fausses grottes, éléments décoratifs en vogue dans les jardins de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, restent encore un vestige visible au fond du jardin de la copropriété des Grands cèdres. Elles ont fait l’objet d’une enquête de la Direction régionale des affaires culturelles avant la construction de la chaussée Nord de la voie rapide en 2005. Cette œuvre a été réalisée avec Philippe Dardelet-Doya et l’entreprise Ducaroy-Grange.
Un court film, Follow-me/Suivez-moi, propose une vision nocturne de l’ouvrage où celui-ci est employé comme un décor rétro-futuriste. Tel un rêve éveillé nous suivons une coureuse dans ses pas et dans son souffle, dans le noir, au rythme des éclairages routiers. Le son a été réalisé par Kristof Everart.
Enfin, les œuvres de Gabriele Basilico, issues de la série Nizza Incontrocampo (1994), viennent dialoguer avec ce travail sur le temps, réalisées trente ans auparavant. Comme un avant/après, elles permettent d’observer les détails de ce qui a été transformé ou de ce qui a vieilli. Ce reportage documentaire photographique en noir et blanc est un enregistrement précieux de cette époque et de ces constructions urbaines.
Amandine Mohamed-Delaporte vit et travaille à Villeurbanne et à Nice. Depuis quelques années, elle s’intéresse plus précisément aux constructions et édifications des Trente Glorieuses, grands ensembles et viaducs autoroutiers, sujets qu’elle transforme en mêlant photographies, sculptures et vidéos.
Diplômée de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, elle s’oriente dans une nouvelle pratique de la photographie qui mêle plusieurs médiums : photographie, sculpture et vidéo.
Elle porte son regard sur les planifications urbaines datant d’après 1955, les constructions en élévation et les infrastructures routières qu’elle intègre à des histoires personnelles ou collectives.
En 2016, bénéficiant du soutien de la DRAC AURA, elle produit Burn Out, un ensemble d’œuvres photographiques et sculpturales sur plexiglas rétro-éclairé, réalisées pendant sa résidence à la Factatory puis présentées à la galerie Le Bleu du Ciel (Lyon) en 2018.
En 2018, une série qu’elle intitule Les Princes de la ville marque le début d’une suite de collaborations avec des entreprises, favorisant le déploiement de sa pratique de la photo vers la sculpture.
A partir de 2021, elle réalise plusieurs sculptures tels que Le Toboggan avec l’Atelier Ni, Le gardien produit par l’entreprise Poulain & fils et Les étages oubliés avec l’entreprise Ducaroy-Grange.
expo : 02.06 – 03.11
lun – ven : 8h30 – 18h
+ ouvertures exceptionnelles :
le 30.09 de 14h – 18h
visites en famille (dès 6 ans) à 15h
visites adultes commentées à 16h
le 13.10 de 17h – 20h
visite commentée par l’artiste
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9 avenue de Fabron – 06200 Nice
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