KMAR DOUAGI

Saint but trash - Journal d'une sans papiers

LE 109 - PÔLE DE CULTURES CONTEMPORAINES

[expo collective] la chair et la pierre
Vernissage le samedi 23.09
18h - 22h

Le projet photographique Saint but trash – Journal d’une sans papiers présente la vie de Kmar Douagi, une photographe autodidacte. Son travail transcende les dimensions du tirage pour offrir une expérience visuelle unique au public.
L’identité de Kmar Douagi en tant qu’artiste se manifeste à travers son style artistique, qui se compose d’un ensemble de codes esthétiques déployés en séquences alternées dans ses photographies, ainsi que dans le choix des thématiques qu’elle explore à travers ses clichés.

Le projet a deux axes principaux. 
Tout d’abord, il met en lumière une dimension politique et décoloniale en dénonçant le système colonial du visa. Kmar Douagi souhaite démontrer que si elle avait suivi la loi, elle n’aurait pas pu capturer les images présentées dans cette série. Ces photos sont une vengeance criante affirmant : « J’existe quand même, je vis quand même », défiant ainsi l’illégalité de sa présence. Elles soulignent également comment le visa constitue une entrave à la liberté des personnes indigènes, agissant comme un obstacle à leur évolution personnelle, professionnelle, spirituelle et sociale. À travers ses photographies, l’artiste met en évidence les contraintes imposées par les frontières et propose une réflexion sur leur impact sur les immigrés.
Le deuxième axe aborde l’esthétique de la dualité. Kmar Douagi explore les thèmes de l’amour et de la violence, du bien et du mal, du beau et du laid. Elle adopte une contre-esthétique pour exprimer cette dualité qui l’a toujours accompagnée. Ses images captent des moments contrastés, tels que des oiseaux écrasés ou son amant, et mettent en évidence les paradoxes de la vie. À travers ces clichés, l’artiste souhaite susciter une réflexion sur la manière dont l’amour et la violence coexistent dans notre existence, offrant ainsi un hymne à la complexité de l’expérience humaine.

Dans l’ensemble, ce projet photographique vise à sensibiliser le spectateur aux réalités des personnes sans papiers tout en explorant la dualité qui réside en chacun de nous. Kmar Douagi invite le public à plonger dans ce journal visuel, remettant en question les frontières physiques et conceptuelles qui restreignent notre compréhension de l’humanité.

Kmar est née à Tunis en 1996, et c’est très vite qu’elle s’intéresse à la photographie. Un médium qui deviendra une pratique quasi vitale pour elle lorsqu’elle perd tragiquement son meilleur ami Sadri en Juillet 2017. Depuis, elle collectionne les images dans l’urgence. Elle capture son infra-ordinaire à l’aide de son boîtier photo ou d’un téléphone portable parce que photographier est devenu un réflexe pour se souvenir. Un réflexe pour aimer. Ponctuellement elle montre ces images, ce qui lui permet de s’exprimer sans mots le plus véritablement possible. Elle les arrange, les choisit et chaque exposition, chaque livre est une déclaration. Les flash-back d’une histoire qu’il lui appartient nous reviennent.

Elle quitte la Tunisie pour la France en 2020, c’est alors que les images d’un ancien monde s’imbibent des couleurs d’un nouveau paysage qu’elle découvre. La soif de rencontre grandit, et c’est dans sa vulnérabilité qu’elle trouve une place. La douceur d’un instant, la violence d’un échange, la pureté d’une histoire, c’est de là que naissent les portraits les plus bruts et sensibles. C’est quand les cœurs sont à vif et puissants que Kmar trouve une place. Elle s’efforce alors de dresser avec tendresse des portraits de vie dans l’ombre de la construction de sa nouvelle identité afro-européenne, dans l’ombre des excès, de la solitude et des doutes. Les couleurs fluides du genre et de la sexualité. Guidée par la curiosité saine de connaître l’humain, portée par la photographie qui laisse des cairns dans le hasard des routes et des croisements. Son étoile du berger se nomme Faouzia, elle appelle au pèlerinage de l’amour universel. Elle veut témoigner d’un monde où la beauté se trouve partout où l’on sait ouvrir ses yeux et son esprit.

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INFOS PRATIQUES

vernissage : samedi 23.09 – 18h
expo : 23.09 – 14.10
mer – sam : 11h – 18h

Le 109 – pôle de cultures contemporaines
89 route de Turin – 06300 Nice