MAGALI PAULIN

Noutéka

LE 109 - PÔLE DE CULTURES CONTEMPORAINES

[expo collective] la chair et la pierre
Vernissage le samedi 23.09
18h - 22h

L’expression créole noutéka est empruntée à l’auteur martiniquais Patrick Chamoiseau dans son livre Texaco. Le récit du « noutéka des mornes » raconte le mouvement de migration des anciens esclaves vers les terres intérieures lors de l’abolition de l’esclavage en Martinique. Noutéka, telle une incantation, vient scander l’écriture de cette odyssée collective racontant l’histoire de l’appropriation des terres les plus hostiles de l’île par ces nouveaux hommes libres (mornes, forêts). En créole, on peut également traduire noutéka par « nous étions », expression renvoyant au collectif, au passé, à la mémoire.

« J’ai voyagé pour la première fois aux Antilles à l’âge de trente ans. N’ayant pas été élevée par mon père martiniquais, j’aspirais à renouer avec un pan de mon histoire et les origines de mon métissage. Ce que je connais de la Martinique, je le tiens des récits de ma mère, des livres d’histoire, des cartes postales, des écrits d’Aimé Césaire et d’Edouard Glissant. Je suis ainsi partie confronter mon imaginaire au réel de ces îles.

J’ai parcouru les Antilles à la recherche de traces. Cherchant à reconstruire un sentiment de filiation, je me suis retrouvée face à un impossible : photographier l’absence.
Le pays m’est apparu chargé d’histoires et mon affaire personnelle se distillait dans l’agrégat historique des mémoires ambiantes. La cacophonie est souvent associée aux cultures créoles. J’ai été dérouté par le mutisme des lieux, leur réticence à réellement se donner. L’entour m’a frappé par son silence, son opacité.
J’ai sillonné les routes de l’archipel à la recherche de ce quelque chose qui échappe. « 

Le projet Noutéka est une traversée intime de l’archipel antillais déployant les contours d’un territoire trouble, au-delà des cartes et du temps. D’une tentative de reconstruire son histoire personnelle et familiale, la photographe d’origine martiniquaise, aborde ici avec pudeur les questions de réminiscences et de mémoires collectives.

Le projet a reçu le soutien de la Région Hauts-de-France, de la Direction des Affaires Culturelles des Hauts-de-France et du Campus Caribéen des Arts de Fort-de-France.

Magali Paulin est une photographe diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2011. D’origine martiniquaise, elle s’intéresse depuis plusieurs années aux territoires insulaires postcoloniaux, notamment ceux de la Caraïbe comme la Martinique et la Guadeloupe, mais aussi dans l’océan indien comme à Maurice.

Son travail aborde de manière poétique, les notions de colonialité, de mémoire et de résilience. La pensée de la Relation développée par le poète martiniquais Édouard Glissant est une influence majeure dans son travail. Elle s’intéresse aux questions d’identités, aux syncrétismes culturels et aux rapports ambivalents que l’homme tisse avec son environnement. L’insularité et le motif de l’archipel sont pour elle des vecteurs de création.

Son travail a été exposé dans plusieurs festivals et expositions en France et à l’étranger. Elle est régulièrement soutenue par la Région et la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Hauts-de-France. Installée depuis quelques années à Arles, Magali Paulin est lauréate cette année du fonds de création des Mécènes du Sud Aix-Marseille.

_

INFOS PRATIQUES

vernissage : samedi 23.09 – 18h
expo : 23.09 – 14.10
mer – sam : 11h – 18h

Le 109 – pôle de cultures contemporaines
89 route de Turin – 06300 Nice