TERENCE PIQUE

Les plaies

LE 109

Grande Halle

VERNISSAGE

samedi 21.09 I 16h - 21h

LES PLAIES (CUIVRE), 2021

Il y a dans les paysages miniers une tension sublime. D’un côté, ils mettent en évidence la façon dont l’humain défigure le territoire en y laissant une empreinte indélébile. D’un autre, ils révèlent la fascinante géologie souterraine du sol. Ces paysages ont accompagnés mon enfance et nourri mon imaginaire dans le centre var, dans une ancienne zone d’exploitation de la bauxite. Un territoire ponctués par des trous béants dans le flan des collines, comme des plaies ouvertes à l’échelle du territoire et abandonnées à une lente érosion.

Aussi, j’ai commencé en 2019 une recherche plastique sur des sites miniers afin de penser ces paysages caractéristiques de l’anthropocène. Le triptyque ici présenté a été réalisé dans le sud de l’Espagne dans une vaste exploitation minière de cuivre à ciel ouvert qui défigure le paysage autant qu’elle détériore l’environnement. Toutefois, l’enjeu de cette recherche n’est pas uniquement de montrer les traces aussi monumentales qu’elles soient de cette exploitation, mais aussi de tirer parti de ce motif pour engager une réflexion sur le médium photographique. En effet, cette étude qui révèle la composition stratiforme du sol, entre en résonance avec une réflexion sur la structure de la photographie, sur son épaisseur tant matérielle que temporelle comme pour pointer la possibilité d’un « inframince » photographique via le procédé de la trichromie.  Connue depuis la fin du XIXe siècle, ce procédé découvert par Louis Ducos du Hauron, consiste à reconstruire une photographie en couleur à partir de trois photographies en noir et blanc ayant été filtrées à la prise de vue respectivement en rouge, en vert, et en bleu.

Aussi, ce triptyque est à regarder comme une « image-temp » cherchant autant à décrire un paysage incommensurable qu’à interroger le regardeur. En effets, cette technique de séparation des couleurs engendre des effets de vibrations et des défauts du aux décalages entre chaque photographies. Ces effets contingents, propre au procédé, ont pour effet de troubler légèrement la lecture de l’image, mais aussi de donner à voir une épaisseur temporelle qui s’éloigne clairement d’un possible instant décisif. C’est comme si quelque chose pouvait apparaitre dans ce tremblement qui trouble autant qu’il interpelle. Enfin, le choix de ce procédé obsolète et chronophage, à l’ère des images-flux numériques, s’explique à la fois par une volonté de faire entrer en résonance la composition en strate du sol et celle en couche de la photographie mais aussi par une volonté de faire un pas de côté et de prendre la mesure physique et temporelle d’un monde en profonde mutation. 

Terence Pique est né en 1983 à Monaco. Il vit actuellement en Ile-de-France et travaille entre la France et l’Espagne. Il est diplômé du Master Pratiques, Histoires et Théories de la photographie de l’Université Paris VIII. A la fin de ses études, il part vivre en Espagne plusieurs années. Là bas, il confrontera sa pratique plastique de la photographie à des thématiques et des territoires en tension tel que l’agriculture intensive sous serre dans le sud de l’Espagne dans le cadre du programme de résidences « Campo Adentro » ; ou encore aux paysages de l’après bulle immobilière dans le cadre d’une résidence dans l’artist-run-space « Rampa » à Madrid. À la suite de cette expérience, il revient s’installer en Ile-de-France afin de s’investir dans la pédagogie des arts plastiques. Il continue cependant ses recherches artistiques et ses allers-retours réguliers vers l’Espagne, parfois dans le cadre de résidences artistiques (Bourse à la Casa de Velázquez, Académie de France à Madrid) et parfois indépendamment, afin de prolonger ses réflexions personnelles sur les espaces produits par nos sociétés urbaines et leurs conséquences paysagères. Ses images ont été exposées dans plusieurs institutions et centres d’arts en France et à l’étranger : Musée des Abattoirs (Toulouse), Musée Archéa (Louvres), Salon de Montrouge (Montrouge), Casa de Velázquez (Madrid), Casa Encendida (Madrid), Centre d’art La Panera (Lleida), TEA (Tenerife).

QUAND ?

21.09 > 12.10
mer – sam : 11h – 18h
+ dim 29.09 & 6.10 : 11h – 18h

Vernissage
sam 21.09 > 16h – 21h

COMMENT ?

Bus : lignes 7, 8, 14, 19, 88
Tramway : arrêt Vauban
Train : gare de Riquier

+ 2 stations vélo-bleu sur la route de Turin et le boulevard Vérany