SERGIO VALENZUELA-ESCOBEDO

Mänk’áčen (cinquième état)

LE 109

Grande Halle

VERNISSAGE

samedi 21.09 I 16h - 21h

Toumayacha Alakana : cette expression populaire est à l’origine de ma recherche : elle signifie « regarder la tête couverte d’un voile ». C’est ainsi que les Fuégiens ont nommé l’acte de photographier au XIXe siècle, quand ils ont vu les premiers appareils photographiques avec les opérateurs qui ont débarqué en Amérique dès 1840. Quels noms les peuples locaux ont-ils donnés à ces nouvelles images-objets ? Comment cet outil inconnu a-t-il été perçu ? Que signifie d’être regardé la tête couverte d’un voile ?

C’est par un changement de focale et une inversion du point de vue que cette thèse approche l’étude de l’acte photographique en Amérique du Sud. La compréhension de la photographie peut-elle changer si on l’aborde en l’étudiant à partir du regard que ces peuples portent sur l’appareil photographique ? Certes, les collections photographiques européennes montrant cette Amérique ancestrale témoignent du colonialisme et du contexte politique et social des pays concernés par rapport aux communautés autochtones. Ces dernières ont en partie perdu leur culture, leur autonomie économique et territoriale. Mais elles témoignent d’une histoire inédite concernant non seulement l’utilisation de la technique, mais aussi le rapport aux savoirs et aux superstitions qui conditionnent la culture de ces peuples du « bout du monde ». Dire que les Amérindiens ne veulent pas être photographiés, en particulier parce qu’on « va leur voler leur âme », est un mythe colonial ; cette croyance occidentale donne de la valeur aux images que les explorateurs rapportent. La question du refus des appareils est beaucoup plus complexe et variée : la résistance peut porter sur la prise de vue, sur la circulation de l’image de soi, sur le caractère unilatéral de la transaction, sur l’incompréhension de l’appareil comme sur des conséquences politiques et spirituelles. Les résultats de cette recherche sont indissociables de l’exposition de mon travail artistique et du memoire qui l’accompagne. Cette recherche brouille les frontières entre commissaire et artiste, entre recherche et création, entre pratiques théoriques et artistiques. L’exposition et le catalogue posent différents axes réflexifs selon une méthode expérimentale et interdisciplinaire ; elle s’appuie sur une collection ethnographique occidentale pour défendre la thèse de l’existence d’une « mécanique mystique ».

Cette exposition est le résultat d’un travail de recherche et de création mené par Sergio Valenzuela-Escobedo, artiste et commissaire indépendant, dans le cadre de sa soutenance de doctorat à l’ENSP, en partenariat avec Aix Marseille Université. Un livre d’artiste du même titre a été publié par Palais Books en 2022. Il a été sélectionné parmi les dix photobooks favoris de Clément Chéroux et comme l’un des meilleurs livres de photographie par le journal El País, Madrid en 2022.

Sergio Valenzuela-Escobedo est un chercheur chilien dévoué ayant une carrière multidisciplinaire dans les champs du commissariat et de l’édition, en particulier dans le domaine de la photographie. Depuis 2016, il a fait preuve de son talent de commissaire d’expositions à travers des présentations remarquables telles que « Mapuche » au Musée de l’Homme à Paris, « Monsanto: Une enquête photographique » qui, sous sa direction vigilante, a entamé une tournée mondiale, « Forêts Géométriques » aux Rencontres d’Arles en 2022, et la captivante trilogie « Mama Coca », « Ipáamamu-Histoires de Wawaim » et « Oro Verde » au Fotofestiwal de Lodz en 2023 entre autres. En 2025, il sera le commissaire de Ci.clo Bienal Fotografia do Porto.

Avec un vaste portfolio de projets d’expositions, Valenzuela-Escobedo s’engage passionnément dans l’intersection des pratiques photographiques et de leur présentation dans les domaines physiques et éditoriaux. Ses intérêts particuliers résident dans l’exploration des formes émergentes de la photographie en tant qu’entreprise artistique axée sur la recherche, la considération des expositions comme des plates-formes pour le discours critique, et l’examen des influences du modernisme et des contextes précolombiens sur l’art contemporain.

Il sert de lien entre la recherche, l’éducation et la pratique curatoriale, établissant efficacement une connexion entre deux continents, les Amériques et l’Europe. Grâce à ses recherches, il éclaire la relation complexe entre l’art et la politique dans le paysage décolonial en évolution du 21e siècle. Valenzuela-Escobedo détient un doctorat en photographie de l’École Nationale Supérieure de la Photographie (ENSP) d’Arles, en France. Au-delà de ses réalisations académiques, il assume également le rôle de directeur artistique et co-fondateur de doubledummy studio, un laboratoire indépendant dédiée à la promotion du discours critique et des réflexions sur la jeune photographie documentaire. Ses contributions au domaine se manifestent également par sa participation en tant que membre du jury du Prix du Livre d’Arles en 2023.

En 2024, il a eu l’opportunité de jouer un rôle majeur dans plusieurs événements artistiques. En tant que commissaire, il a présenté l’exposition « Oro verde » de Ritual Inhabitual à la Biennale de la Photographie de Mulhouse et au Photoforum du Centre d’art de Bienne. En parallèle, il a contribué en tant qu’artiste à l’exposition “Sur/America » à Paris, sous la direction de Christine Barthe. Il a été commissaire de l’exposition « True Colors » de Mathieu Asselin au Festival Exposed deTurin, et a animé un atelier lors des sessions du National Legacy Project au Market Photo Workshop de Johannesburg. Il a également édite « HUN », le premier livre de Julia Mejnertsen, lauréate du Kassel Dummy Award 2023.

De plus, il est membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA). Les perspectives académiques de Valenzuela-Escobedo trouvent leur expression dans des publications spécialisées telles qu’Inframince (France), 1000words (Londres) et Mirà (Monaco), où il partage régulièrement sa recherche.

QUAND ?

21.09 > 12.10
mer – sam : 11h – 18h
+ dim 29.09 & 6.10 : 11h – 18h

Vernissage
sam 21.09 > 16h – 21h

COMMENT ?

Bus : lignes 7, 8, 14, 19, 88
Tramway : arrêt Vauban
Train : gare de Riquier

+ 2 stations vélo-bleu sur la route de Turin et le boulevard Vérany